Photo d'archive de l'église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs de Portneuf. Photo: Société d'histoire et du patrimoine -Portneuf 1861.
Photo d’archive de l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs de Portneuf. Photo: Société d’histoire et du patrimoine -Portneuf 1861.

En 1674, près de l’embouchure de la rivière Portneuf, une première chapelle dédiée à la Nativité de Notre-Dame est construite sur la seigneurie de Portneuf. Abandonnée en 1709 au bénéfice de la chapelle-presbytère nouvellement construite à Cap-Santé, ce n’est qu’en 1860 que la première église sera construite à Portneuf.

Le 1 avril 1927, c’est la désolation au village. L’église est entièrement détruite par les flammes et on constate rapidement que rien de cet édifice, construit selon les plans de l’architecte André‑Raphaël Giroux (1815-1869), ne peut être récupéré. Qu’à cela ne tienne, les paroissiens ont les reins solides et la décision d’ériger un nouveau temple est immédiatement prise. Dès les jours qui suivent, des plans pour la prochaine église sont proposés à la fabrique et le 21 mai 1927 commencent les travaux de construction, selon les plans de l’architecte Émile-George Rousseau (1888-1973).

Les travaux de la nouvelle église, plus grande que la première, sont entrepris rapidement, au point où on décide de laisser en place les fondations de pierre de la première église. Ainsi, aujourd’hui encore, dans le sous-sol de l’église actuelle, on retrouve les vestiges de ces fondations, ainsi qu’une dizaine de sépultures à l’origine enterrées sous la première église et qui ont été laissées en terre lors de l’érection du nouveau temple[1].

À la fin du mois d’août, on ajoute deux jubés dans les transepts : l’église compte alors 570 places assises. Au même moment, la sacristie, qui possède encore aujourd’hui son mobilier d’origine, est construite. L’été suivant, on amorce les derniers travaux de réalisation du décor intérieur et le 1er septembre 1929, l’église est officiellement terminée et bénie par le cardinal Rouleau[2].

Comme bien des églises, le décor intérieur de l’église de Portneuf subira des modifications au cours des années 1960. Le retable du maître-autel, l’autel latéral gauche, la chaire et une grande partie de la balustrade seront retirés, de même qu’un confessionnal et plusieurs lustres, tandis que le trône curial sera remplacé. Malgré tout, la table du maître-autel, qui fait toujours office de la table d’autel, et l’autel latéral droit sont conservés. Dans les années 1980, les fonts baptismaux seront réalisés par Maurice Nadeau, artisan de Portneuf. Les dernières modifications apportées ont été effectuées dans les années 1990, alors que les bancs de l’allée centrale ont été enlevés et qu’un ambon[3] a été installé dans le chœur.

Enfin, l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs de Portneuf possède un orgue Casavant de 1949, sur lequel a été apposée une plaque commémorative à la mémoire des soldats de Notre‑Dame‑de‑Portneuf morts durant les Première et Seconde Guerres mondiales. Cet orgue a remplacé un premier harmonium W. Bell & Co. (Guelph, Ontario) de 1887 que la paroisse avait acquis pour la somme de 650$ de la paroisse Saint-Raphaël-de-Bellechasse en 1934, toujours fonctionnel et prenant place dans le chœur.

L’îlot paroissial comprend l’église et le presbytère, qui a été vendu en 1994. Ce dernier a été construit en 1861, auquel un premier étage complet[4] ainsi que le revêtement de brique ont été ajoutés en 1924 selon les plans de l’architecte Héliodore Laberge (1883-1956). Un cimetière faisait auparavant partie de l’îlot paroissial, mais en 1913 la décision a été prise de déménager celui-ci sur la rue Paquin, un peu à l’écart du village, tant par manque de place que par souci sanitaire. On y retrouve un calvaire de Louis Jobin (1845-1928), sculpteur originaire de Saint-Raymond, installé en 1885 dans le premier cimetière. Le Christ en croix de grandeur nature est abrité sous un petit kiosque peint de blanc.

Dans ses premiers plans d’architecture, Rousseau prévoit une église au revêtement extérieur de pierre, mais dont la charpente en acier soutiendrait un plancher et des murs de béton. Le devis est rapidement modifié pour plutôt prévoir la construction d’une voûte et d’un plancher en béton armé, alors que la charpente du clocher sera de bois. Dans le même ordre d’idée, le lambris intérieur en terra cotta donne une apparence plus moderne à cette église.

Bien que construite en pierre comme une majorité des églises dans Portneuf, l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est unique par son architecture intérieure d’esprit Beaux-Arts[5]. La richesse de l’ornementation de plâtre, la finesse de la rosace en relief de la nef, les bancs et les magnifiques boiseries d’origine en font un édifice d’un grand intérêt.

De plus, l’un des premiers éléments ajoutés au décor de l’église est le chemin de croix, déjà présent lors de la bénédiction de l’église en 1929 et dont les imposants cadres de bois s’harmonisent parfaitement avec les boiseries de l’église. Celui-ci a été réalisé par le peintre italien originaire de Turin Luigi Morgari (1857-1935).

Finalement, l’ensemble de tableaux que possède l’église a été commandé et réalisé en 1931 dans l’atelier des Sœurs du Bon-Pasteur[6] : Notre-Dame des Sept Douleurs, dans le centre du chœur, Saint Dominique recevant le rosaire, à gauche dans le chœur, La Nativité de Jésus, à droite dans le chœur, La Mort de saint Joseph, dans le transept gauche, et Les saints Martyrs canadiens, dans le transept droit. Un statuaire de plâtre complète le décor.

Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est le nom donné à la Vierge Marie pour évoquer les sept grandes Douleurs qu’elle aurait éprouvées au cours de sa vie. La fête de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, dans le calendrier liturgique, est le 15 septembre.

Dans la chrétienté, les sept Douleurs de Marie font référence, en ordre chronologique, à :

• La prophétie de Siméon sur l’Enfant Jésus;
• La fuite de la Sainte Famille en Égypte;
• La disparition de Jésus pendant trois jours au temple;
• La rencontre de Marie et de Jésus sur le chemin, portant la croix et montant au calvaire;
• Marie contemplant la souffrance et le décès de Jésus sur la croix;
• Marie accueille son fils mort dans ses bras lors de la Descente de la croix;
• Marie abandonne le corps de son fils lors de la mise au tombeau.

Un grand merci à M. Pierre Gignac de la Société d’histoire et du patrimoine Portneuf 1861 pour sa collaboration à ce projet ainsi que les archives.

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[1] La pratique d’inhumer les défunts dans les caves des églises remonte aux débuts de la chrétienté. Ainsi, à Portneuf comme ailleurs, il était possible pour les paroissiens, moyennant une somme considérable, de se faire enterrer sous l’église. À Portneuf, une dizaine de paroissien ainsi qu’un prêtre y auraient été inhumés

[2] Cardinal Raymond-Marie Rouleau (1866-1931).

[3] Un ambon est un pupitre placé dans le chœur d’où y sont lus les textes liturgiques pendant les offices.

[4] Dans la ville de Portneuf, on remarque que quelques maisons ont été modifiées selon la même mode que le presbytère : celles-ci étaient soulevées et un rez-de-chaussée était ajouté pour agrandir la maison en hauteur.

[5] Le style Beaux-Arts est caractérisés par la symétrie et la référence à un mélange d’éléments architecturaux et ornementaux des styles du passé, par exemple le néoroman ou le néoclassicisme.

[6]Pendant de nombreuses années, des élèves ont été initiées au travail artisanal et à la création artistique dans les ateliers des Sœurs du Bon-Pasteur. On y apprenait la peinture, la statuaire, la reliure, l’imprimerie et l’ornementation sacerdotale. Les œuvres produites servaient entre autres à combler les besoins des églises.

Projet réalisé par

Équipe

DIRECTION TECHNIQUE
AARON BASS

RECHERCHE
LAURA TROTTIER

RÉVISION DES TEXTES
ÉLIANE TROTTIER

PHOTOGRAPHIE
DENIS BARIBAULT

VISITE PANORAMIQUE
AARON BASS

INTÉGRATION WEB
SIMON PARADIS-DIONNE

Ce projet a été rendu possible grâce à