À la fin du 19e siècle, la province voit de nombreux efforts de colonisation de son arrière-pays se développer. Plusieurs paroisses plus éloignées dans les terres voient alors le jour. La région de Portneuf ne fait pas exception. Le 4 avril 1893, Jean-Baptiste Boutet et Samuel Gignac se présentent devant l’Archevêché de Québec afin de lui porter une missive du curé Cinq-Mars de la paroisse de Notre-Dame-de-Portneuf. Dans sa lettre, celui-ci fait la demande pour développer le territoire plus au nord et construire une chapelle aux abords de la rivière Sainte-Anne. L’empressement est tel qu’on pose les fondations de la future église avant même de recevoir l’accord de l’Archevêché. La construction débute officiellement en 1894, sous l’égide de Samuel Gignac qui fait don du terrain et qui est assisté par les menuisiers Jean-Baptiste Boutet et Samuel Ouellette[1].


L’année suivante, Monseigneur Louis-Nazaire Bégin (1840-1925) érige canoniquement la paroisse le 26 août, par détachement des paroisses de Saint-Raymond-Nonnat, Saint-Basile et Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (Portneuf). Le 10 septembre suivant, le premier curé de la paroisse, Auguste Fortin, fait son arrivée[2]. Toutefois, celui-ci n’a pas encore de presbytère pour se loger, puisque ce n’est qu’à l’assemblée de Fabrique du 13 octobre 1895 qu’on fait la requête pour faire construire la maison curiale, de même qu’une grange et un hangar. C’est l’entrepreneur Émile Morissette qui sera mandaté pour la construction du presbytère, selon les plans de l’architecte David Ouellet[3] (1844-1915). Au printemps 1896, ses services sont également retenus pour dresser le clocher de l’église[4]. Enfin, ce n’est qu’en 1898 que les travaux seront terminés alors que Samuel Gignac complète la sacristie et qu’on procède au lambrissage des murs et des plafonds. Une partie des travaux est financée par les fonds recueillis lors d’une “soirée dramatique”[5]. La touche finale du temple sera donnée en 1903 avec l’acquisition de trois cloches qui seront remplacées en 1926[6].


Au fil de temps, l’église de Sainte-Christine connaît plusieurs travaux de restauration et de rénovation. En 1905, la Fabrique passe une résolution pour faire réaliser des bancs pour l’église par l’entrepreneur de Saint-Raymond Élisée Pagé et en 1918, on embellit le maître-autel avec l’application de peinture et de dorure par F.-P. Gauvin de Québec. Quatre ans plus tard, la toiture prend l’eau et le temple est mal isolé. C’est alors qu’on fait poser une couverture de tôle. La voûte en plein cintre est ensuite construite, dissimulant les fenêtres supérieures de la nef, puis tout l’intérieur est couvert de panneaux de beaver board[7].


Depuis, l’église a subi très peu de modifications. Parmi les derniers ajouts au temple on retrouve l’orgue de 28 jeux fabriqué par le facteur Allen de Pointe-Claire, qui se trouve du côté droit du chœur.

L’église de Sainte-Christine-d’Auvergne est un bel exemple d’église de colonisation, en plus d’être la seule église entièrement de bois dans la région. Son apparence modeste et la simplicité de son décor intérieur en sont caractéristique. Néanmoins, le bâtiment a été soigneusement construit, ce qui se constate par exemple dans l’originalité des bancs à dossier ajouré.


L’église au plan rectangulaire présente une nef à trois vaisseaux surmontée d’une voûte en plein cintre d’une hauteur impressionnante pour les dimensions du temple. Toutefois, la construction de la voûte en 1922 a eu pour effet de masquer la deuxième rangée de fenêtres, aujourd’hui seulement visibles depuis l’extérieur.


L’intérieur ayant été bien conservé au fil du temps, il n’en demeure pas moins que l’église a subi quelques modifications dans la foulée du renouveau liturgique des années 1960. Par exemple, en juin 1961, on fait poser un prélart dans l’église et la sacristie, ce qui altère le cachet du décor intérieur. De même, en 1964 on remplace la chaire par un ambon forgé par M. René Lavallée, de Sainte-Christine et on installe une table d’autel au centre du chœur. La même année également, on procède à la pose de verre cathédrale[8] de la compagnie Les Arts religieux Ltée. dans les fenêtres. Enfin, le 3 mai 1964, la Fabrique fait l’achat d’un orgue électrique à deux claviers et pédalier de marque Langelier & Valiquette[9].


Les dernières grandes modifications apportées au temple ont été faites en 1984, alors qu’on agrandit le jubé et que le bâtiment est recouvert d’une tôle d’acier émaillé. Bien que cet ajout soit réversible, celui-ci a eu pour effet de banaliser l’église de bois et d’en diminuer sa valeur patrimoniale.


Enfin, l’église Sainte-Christine possède peu d’art religieux. Outre le maître-autel et la statue de sainte Christine, tous les deux d’auteurs anonymes, l’église possède un chemin de croix réalisé par le peintre Luigi Morgari (1857-1935) offert par la paroisse de Notre-Dame-du-Très-Saint-Rosaire de Portneuf-Station.

À l’instar de plusieurs églises au Québec, la communauté de Sainte-Christine-d’Auvergne a amorcé la réflexion quant à la requalification de son église. La Corporation de développement de Sainte-Christine-d’Auvergne est accompagnée par la firme Écobâtiment pour développer un projet communautaire structurant en phase avec les préoccupations écologiques et patrimoniales.

Pour en connaître davantage, visitez: https://ecobatiment.org/ste-christine-dauvergne.
Nous tenons à remercier M. Émile Carpentier et M. Jean-Paul Fiset pour leur aide et leur collaboration dans la réalisation de ce projet.
BOURQUE, Hélène et Paul Labrecque. « Église Saint-Thuribe. Saint-Thuribe ». Inventaire et évaluation patrimoniale des églises de la MRC de Portneuf : rapport d’expertise. [Portneuf] : Comité multisectoriel du patrimoine religieux de Portneuf, 2000.

Inventaire des lieux de culte du Québec. 2023. « Église de Sainte-Christine ». Consulté le 13 novembre 2023. En ligne: https://www.lieuxdeculte.qc.ca/fiche.php?LIEU_CULTE_ID=4596.

Labrecque, Paul et Hélène Bourque. 2000. Les églises et les chapelles de Portneuf. Cap-Santé, Québec: MRC de Portneuf.

Lavallée, Henriot. 1968. 75ième anniversaire de Ste-Christine: 1893-1968: Album-souvenir. Comité des fêtes: Ste-Christine (Portneuf), Québec.

Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. 2023. « Répertoire des barrages. Fiche technique: Barrage des Chutes-Ford ». Consulté le 14 novembre 2023. En ligne: https://www.cehq.gouv.qc.ca/barrages/detail.asp?no_mef_lieu=X0001765.

Municipalité de Sainte-Christine-d’Auvergne. 2019. « Un peu d’histoire ». Consulté le 14 novembre 2023. En ligne: https://sca.quebec/un-peu-dhistoire.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. 2013. « Église de Sainte-Christine-d’Auvergne ». Consulté le 13 novembre 2023. En ligne: https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=114947&type=bien.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. 2013. « Gignac, Samuel ». Consulté le 13 novembre 2023. En ligne: https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=12419&type=pge.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. 2013. « Morgari, Luigi ». Consulté le 29 novembre 2023. En ligne: https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=22127&type=pge.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. 2013. « Ouellet, David ». Consulté le 29 novembre 2023. En ligne: https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=7830&type=pge.
(1) Les plans de construction n’ayant pas été signés, il n’est pas possible d’avancer si l’église est l’œuvre d’un architecte.

(2) Son mandat sera de courte durée, puisqu’il quittera la paroisse en mai 1898.

(3) Le presbytère, dont la construction est complétée en août 1896, aura coûté la somme de 1 816,00$. L’édifice est aujourd’hui un domicile privé.

(4) Il en coûte 392,00$ pour faire dresser le clocher de l’église.

(5) Lavallée, Henriot. 1968. 75ième anniversaire de Ste-Christine: 1893-1968: Album-souvenir. Comité des fêtes: Ste-Christine (Portneuf), Québec, p. 25.

(6) Le 11 juillet 1926, c’est la bénédiction du nouveau carillon. La première cloche faisant 760 lbs, un si naturel, est nommée Marie-Christine, la deuxième de 520 lbs, un do#, est baptisée Pie-Paul-Eugène, et la troisième pensant 380 lbs, un ré#, se voit donner le nom de Alfred-Joseph-Aurore.

(7) Le beaver board, ou isorel mou, est un matériau de construction de fibres de bois compressées.

(8) Le verre cathédrale est un verre dont l’une des deux surfaces possède un relief, lui donnant ainsi une certaine opacité.

(9) L’achat de l’orgue électrique se fait pour la somme de 1 475$. Un don de 500$ d’un paroissien a grandement contribué à la possibilité de cet achat.

Projet réalisé par

Équipe

DIRECTION TECHNIQUE
AARON BASS

RECHERCHE
LAURA TROTTIER

RÉVISION DES TEXTES
ÉLIANE TROTTIER

PHOTOGRAPHIE
DENIS BARIBAULT

VISITE PANORAMIQUE
EMY VALLIÈRES

INTÉGRATION WEB
MITJA LESNIK

Ce projet a été rendu possible grâce à